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Partir, c'est bien
10 octobre 2021

La Véloscénie: Paris Mont Saint Michel

Impossible de se rappeler où on a entendu le drôle de nom “Véloscénie” pour la première fois. En tous cas, ça a fait son chemin dans notre tête jusqu’à ce que ça devienne une évidence: cet été, on fait la Véloscénie: Paris - Mont Saint Michel à vélo.

Le trajet fait 450km, on prévoit de faire environ 40km par jour. Avec les pauses et éventuellement les détours nous prévoyons deux semaines. Il vaut mieux viser un peu large qu’un peu court, histoire de ne pas avoir à choisir entre aller jusqu’au Mont Saint Michel ou être au bureau le lundi. Pour assurer le coup on décide de partir de Rambouillet plutôt que de Notre Dame de Paris. Une triche légitime, car nous sommes déjà allés à Rambouillet à vélo!

  • Dimanche 8 août (Rambouillet / Maintenon)

La journée ne commence pas bien: à notre parking à vélo on trouve l’Addbike avec un pneu complètement à plat. Nous n’avons pas la bonne clef pour démonter la roue et le vélociste en face de chez nous est fermé pour congés annuels.

Steph tente le coup avec une bombe anti-crevaison qui traine dans le top-case de ma moto depuis Mathusalem et miracle, ça marche! Au jour où j’écris ces lignes, on a toujours la même chambre à air, crevée mais avec de l’anti-crevaison dedans.

On charge toutes nos affaires et Roxane sur nos deux vélos. Bonne nouvelle: tout tient! Nous n’en sommes pas à notre coup d’essaie, mais d’une année sur l’autre, Roxane gagne en poids et en volume.

Direction la Gare Montparnasse et TER pour Rambouillet. A défaut de resto ou quoi que ce soit d’autre d’ouvert, nous faisons des petites courses à monop’ et pique-niquons dans le parc du chateau de Rambouillet. Notre destination du jour est Maintenon. Petit coup de loose, nous apprenons que le chateau de Maintenon sera fermé lors de notre passage. On fantasme de bivouaquer en douce dans le parc du chateau pour se consoler, mais comme on a besoin d’eau et d’électricité, on va au camping des îlots de Saint Val. Ca fait du bien d’arriver et en plus il y a des jeux pour enfants extraordinaires.

Pour la petite histoire, Louis XIV vint jusqu’à Maintenon chercher de l’eau pour alimenter son chateau de Versailles, construisant pour cela un aqueduc monumental. Il ne fut jamais achevé mais devint la curiosité du coin. Je me dis qu’il doit y’avoir des coins d’eau sympa et demande au gérant du camping s’il connaît un coin pour se baigner. Je suis un peu décue par sa réponse: il m’indique la piscine de Chartres, à vingt bornes de là.

 

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  • Lundi 9 août (Maintenon / Chartres)

Nous faisons connaissance avec nos voisins de camping, une petite famille flamande dont les filles ont 2 et 4 ans et qui attendent le où la troisième. Ils sont à vélo comme nous, bien plus chargés (ils ont une table et des chaises!) et sans assitance électrique. Ils font les mêmes étapes que nous, et précisent que s’ils font de si petites étapes, c’est parce que la grande finit par s’ennuyer. Comparé à eux, nous sommes de vraies lopettes!

Nous admirons le château de Maintenon à travers sa grille. Un monsieur plus tout jeune nous aborde et nous dit qu’il fait partie du spectacle – il y a des spectacles certains week-end en hiver, avec des centaines de participants en costume, il semblerait que ça vaut le coup. Ce sera une bonne occasion pour nous de revenir. On n’en aurait rien su si on n’avait pas été planté ce jour-là devant le chateau fermé. C’est le destin!

Les abords de Chartres sont vraiment très sympas à vélo. Nous longeons l’Eure et à un endroit canards et ragondins se disputent des bouts de pain.

Finalement nous allons à la piscine de Chartres, c’était une bonne idée après tout, c’est une des plus grandes de France, avec des toboggans, jacuzzis et tout.

Le soir, nous sommes invités chez des “warmshowers”. Warmshowers, c’est le couchsurfing des cyclistes (en mieux). Nous avions contacté un peu tous les hôtes qui étaient sur notre chemin et avons eu la bonne surprise de recevoir pas mal de réponses positives. Ce soir, ce sont Aurélie, Nicolas et leurs enfants Cloé et Malo qui nous accueillent chez eux – avec un barbecue! On passe une super soirée à discuter et Roxane se fait chouchouter par Cloé. Difficile de rêver plus sympa!

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  • Mardi 10 août (Chartres / Thiron Gardais)

Malgré l’assistance électrique, le vélo me semble lourd. Fatigue? Non, pneu à plat! On trouve la coupable, une grosse épine. Stéphane met une rustine et c’est reparti!

Le midi nous nous arrêtons à Illiers-Combray. Illiers, c’est là ou Marcel Proust passait ses vacances, même s’il nomme le village “Combray” dans son oeuvre. Ce petit village est l’archétype du trou paumé qui a son charme. Nous déjeunons au très bon petit resto “la Madeleine d’Illiers” puis visitons la “maison de tante Léonie” qui a inspiré l’auteur et a été transformée en musée. L’engouement local pour Marcel Proust est tel qu’en 1971, pour le centenaire de sa naissance, la ville a été renommée “Illiers-Combray” alliant son vrai nom et son nom fictionnel. Ca donne envie de lire Proust!

Nous entrons dans le Perche et ce n’est pas une surprise: c’est vallonné. Nous ne nous arrêtons pas à Thiron-Gardais, le fief de Stéphane Bern, mais juste à côté, chez Côme et Pauline qui nous offrent leur hospitalité warmshowerienne. Ils habitent une ferme qu’ils retapent, font pousser leurs légumes et élèvent leur fils, Céleste, en plein air. Il est un peu plus petit que Roxane mais a autant de caractère. Nous passons une très bonne soirée avec eux et campons sous le ciel étoilé.

 

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  • Mercredi 11 août (Thiron Gardais / Mortagne au Perche… Verneuil d’Avre et d’Iton)

Notre destination du jour est Verneuil d’avre et d’Iton, ou plus précisément Francheville, où habitent mes parents. Pour nous éviter deux jours de vélo de détour et pour que nous puissions passer du temps en famille, ils ont accepté de venir nous chercher sur la Véloscénie, à Mortagne-en-Perche, à une quarantaine de kilomètres de chez eux. On pourrait couper à travers le Perche pour se rapprocher plus, mais avec le relief on se demande si couper ne revient pas en réalité à rallonger… La Véloscénie suit une ancienne voie de chemin de fer, c’est le seul chemin plat du coin. On ne goûte peut-être pas à toute la palette de paysages du Perche, mais au moins, on n’arrive pas trop tard au rendez-vous! On a même un peu de temps pour s’arrêter au chateau Saint Jean à Nogent le Retrou puis à un bon resto (le Bistrot des Ecuries). A Mortagne-en-Perche, pour éviter de laisser nos vélos quatre jours dans la rue, des particuliers acceptent que nous les garions chez eux – c’est chic!

 

  • Jeudi 12 à dimanche 15 août

Quatre jours en famille – on recharge les batteries dans tous les sens du terme!

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  • Lundi 16 août (Verneuil d’Avre et d’Iton… Mortagne au Perche / Alençon)

Un “blablacar” peut potentiellement nous ramener jusqu’à nos vélo, mais nous n’avons pas de réhausseur pour Roxane. Ma mère nous en donne un, quite à ce qu’on s’en débarrasse à Mortagne. Finalement, c’est hyper léger, tout en polystyrene et ça sert dès à chaque fois qu’on est à table: on l’adopte pour le voyage! Entre ça et le pot, nous sommes bien équipés.

On quite le perche sans avoir vu un seul cheval percheron – à priori ils n’y en a pas beaucoup et il faut vraiment les chercher.

Nous arrivons assez tôt à Alençon et faisons le tour de ses aires de jeux. Ce soir encore, nous allons chez une inconnue, Marie-Claire, qui a accepté de nous héberger. Elle héberge aussi une autre cycliste et nous prépare à tous les quatre des petits plats! Son énergie et sa générosité me touche. Je me dis qu’il faudra que j’en prenne de la graine lorsque j’accueillerai à mon tour des warmshowers.

 

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  • Mardi 17 août (Alençon – Pré en Pail)

Nous ne sommes pas pressés et faisons un petit crochet par la source “Roxane”. Nous y découvrons une usine d’embouteillage dont les employés doivent se demander pourquoi des touristes viennent se prendre en photo devant leurs pallettes. Nous faisons aussi un crochet par “Saint Céneri”, un joli village où une dame a un jardin extraordinaire qu’elle ouvre au public.

Nous finissons avec une grimpette pour aller au Mont des Avaloirs, le point culminant du Massif armoricain et du Grand Ouest, à 416m! C’est peu pour un “mont” mais ça fait du dénivelé quand même. En haut, un énorme observatoire a été construit et lorsque nous y sommes, les éléments se déchaînent. Nous sommes le 17 août mais on pourrait aussi bien être le 17 novembre.

Enfin, nous atteignons Pré-en-Pail où comme prévu nous rejoignons le festival itinérant cyclo propulsé “ciné-cyclo”. A Pré-en-Pail, point de camping, mais dans le cadre du festival, on nous donne l’autorisation exceptionnelle de planter la tente – à proximité de la buvette, c’est parfait. C’est le Maire en personne qui nous y autorise. Le Maire est aussi le premier sur le vélo, le soir, lorsqu’il faut pédaler pour projeter le film. Et oui, c’est ça le Cinécyclo! Le pédalage alimente le son et l’image. L’idée est née au Sénégal, pour amener des films là où il n’y a pas l’électricité. Aujourd’hui l’association fait des tournée en France, avec la particularité extraordinaire que l’équipe se déplace de date en date à vélo – le même vélo qui sert pour la projection. Avec trente kilos de chargement! Et ce vélo là n’est pas électrique, question de principe.

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  • Mercredi 18 août (Pré en Pail – Domfront en Poiraie)

La journée commence sous la pluie, mais avec des viennoiseries (l’avantage de camper en centre ville!). Le midi nous atteignons la station thermale Bagnole de l’Orne et déjeunons dans une crêperie – les crêpes ne cassent pas des briques, c’est le moins qu’on puisse dire, mais on est au chaud avec une jolie vue sur le plan d’eau. Il pleut encore et à la perspective de dormir dans une tente mouillée, on réserve une caravane au “camping à la ferme sous les poiriers”. Les gérants sont meuniers et ont une petite épicerie où ils vendent leur farine entre autres produits locaux. Le soir le Cinécyclo se tient à seulement trois kilomètres, sur le site somptueux du chateau de Domfront. Il y a un concert, de grandes tables et des transats pour regarder les films. On retrouve l’équipe du festival avec laquel on a fait connaissance la veille: Emma de la Véloscénie, Lucille et Elise de Cinécyclo et Olivier qui tourne un film promotionel sur la Véloscénie (lien à venir – peut-être!). Et Marie, cinétouriste comme nous.

 

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  • Jeudi 19 août (Domfront en Poiraie – Saint Hilaire du Harcouet)

Le soir, nous campons chez un “warmshower”, Philippe. Il vient à notre rencontre à vélo et nous accompagne à la soirée Cinécyclo. Chaque soirée est différente, non seulement au niveau des films, mais aussi au niveau du cadre et du programme. Aujourd’hui c’est banquet sur une grande place, avec concert et marché aux producteurs en prime. Roxane passe un bon moment à courir entre les tables après un petit garçon. Le retour se fait à vélo en pleine nuit, comme la veille, avec Philippe en éclaireur avec son gilet hyper jaune.

 

  • Vendredi 20 août (Saint Hilaire du Harcouet – Mont Saint Michel)

Nous retrouvons “les filles” (Lucille, Elise et Marie) juste avant de voir le Mont Saint Michel et nous nous extasons en bande. De là où nous nous trouvons, on le voit entouré de milliers de moutons.

Nous nous octroyons une pause glace / Kouign amann / bière pour fêter ça et ensuite direction le camping. Il est idéalement situé, au plus près du Mont Saint Michel et accessoirement près du resto prévu avec les filles le soir. J’ai réservé des semaines en avance car je redoutais qu’il soit pris d’assaut, mais ils ne trouvent pas ma réservation. Verdict: j’ai réservé au “Camping Saint Michel” et nous sommes au “Camping du Mont Saint Michel”. Aller à l’autre camping nous ajouterait dix huit kilomètres et c’est déjà l’heure du dîner… Un petit emplacement tout simple nous tend les bras et après hésitation nous décidons de rester là. Tant pis nous avons déjà payé ailleurs un camping avec piscine. Qui a envie d’une piscine quand l’air est à 18°C?

Et maintenant, resto! Les filles de Cinécyclo ont eu vent d’un bon plan: “La Ferme”. Apéro, entrée, plat, dessert… La soirée est bien avancée quand nous les quittons direction le Mont Saint Michel où nous avons réservé pour la nocturne. C’est jusqu’à 23h et il doit être pas loin de 22:30 quand une navette nous pose au pied du Mont. Il est éclairé de toutes les couleurs, ça claque, mais nous n’avons pas de temps à perdre: nous nous enfilons toutes les marches et arrivons à bout de soufle (surtout Steph qui porte Roxane) à l’abbaye. Finalement l’entrée est à 23h mais les animations (éclairages, musique) sont jusqu’à 1h du mat’. Ouf! Roxane qui est en pleine forme en profite bien avant de sombrer pour la nuit.

Quelle journée!

 

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  • Samedi 21 août (Mont Saint Michel)

Nous trainons le matin. Après un petit dèj à la Brioche Dorée, nous songeons au déjeuner, mais il n’y a pas d’épicerie dans le coin. Tant pis, nous faisons nos dernières pâtes au réchaud. Puis direction le Mont Saint Michel que nous découvrons sous un autre jour, remplit de monde en dépit de pluie. La vue est superbe.

Le soir, direction la projection de Cinécyclo. Comme d’habitude, elle s’accompagne d’autres festivités, notamment un spectacle équestre présenté par une certaine Elisa. Il est écourté par un bel orage. Pour cette dernière soirée, Steph pédale un peu pour alimenter la projection. Verdict: c’est cardiaque!

 

  • Dimanche 22 août (Mont Saint Michel / Paris en train)

C’est le jour du retour, un peu stressant car on redoute de se retrouver sur le carreau à la gare: on ne peut pas réserver les emplacements vélos, les places sont limitées et les cyclistes nombreux. Nous arrivons à la gare avec plus d’une heure d’avance, l’occasion de saluer Lucille et Elise qui prennent leur train un peu avant nous. A notre tour nous prenons place dans le train avec nos vélos. Ouf!

Arrivés à Montparnasse, il nous reste un itinéraire grand spectacle à parcourir: celui qui nous mène à la maison: Invalides, place de la Concorde, Champs Elysées, Arc de Triomphe,…

 

Petit bilan de ces vacances: beaucoup de voies vertes, de belles rencontres grâce à Warmshowers et Cinécyclo, un Mont Saint Michel qui vaut le coup. On rentre un peu plus en forme que nous ne l’étions au départ et sans avoir courru le moindre rique d’insolation.

 

Vive les TER, et vive la France!

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