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Partir, c'est bien
1 mai 2012

Au pays des dzos et des momos

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Difficile de choisir où aller quand on a une semaine de vacances en Inde. Après moult hésitations, je choisi le Sikkim, puisqu’il y fait frais, qu’il y a des montagnes et qu’on peut trekker. C’est un petit état, coincé entre le Népal, le Tibet et le Bhoutan.

De l'aéroport le plus proche à la capitale Gangtok, moins de 200 km mais plus de 6h de route ! Je prends une jeep collective et mon sac voyage sur le toit. Grâce à la place gagnée, on rentre à douze dans la jeep! J'admire moins l'astuce quand il se met à pleuvoir.

A Gangtok je cherche activement des trekkeurs auxquels me joindre, en interpellant tout blanc passant à ma portée.  Je fais aussi le tour des agences, mais "il faut avoir un permis pour trekker, et pour avoir un permis il faut un groupe constitué..."

Deus ex machina se présente enfin sous les traits d'un intermédiaire touristique qui connaît un groupe en partance.  Mais le départ, de Yuksom, à 6h de route de là, est imminent! Pressée mais pas fauchée (le temps c'est de l'argent n'est-ce pas), je fais le trajet en véhicule privé. Mon chauffeur ne parlant pas un mot d’anglais je me concentre sur le paysage : de belles vallées vertes, une route qui se transforme par moment en piste, des petits ponts pleins de drapeaux à prière bouddhistes…

IMG_2058J’arrive à Yuksom à la nuit tombée, où on m'accueille avec le sourire et une assiette de momos toute chaude. Par contre, il est trop tard pour avoir de l’eau chaude me dit mon hôtesse. Elle ajoute même gentiment « c'est pas grave, tu pars demain en trek, tu te laveras en rentrant ». En rentrant de six jours de trek, là c'est sûr que ça vaudra vraiment le coup de se laver!

Le lendemain, je rencontre mes compagnons de marche. Deux allemandes sympas au point de se mettre à parler anglais dès que je suis à moins de dix mètres, et un belge mi-nicaraguayen à l'accent fantastique. Ils ont juste l’air beaucoup plus en condition que moi, les unes ayant récemment randonné et campé dans un mètre de peuf, l’autre ayant l’habitude des treks de plusieurs semaines. En l’occurrence, je ne sais pas si c’est parce que la vie de Delhi m’a ramollie, parce que je n’avais jamais été en aussi haute altitude ou à cause du rythme du groupe, mais je n’ai jamais rien trouvé aussi épuisant que ce trek !IMG_2018

Je n'imagine même pas ce que ça aurait été sans avoir un troupeau de yaks pour porter nos affaires (ou plutôt des dzos car ils sont croisés vache), un cuistot et son assistant pour nous faire des petits plats, et un guide qui n'a d'autre fonction que de pourvoir à notre bonheur!

Après un petit déjeuner à écouter les histoires de sangsues des uns et des autres (apparemment, il y en a un paquet dans le coin), on part pour une grimpette de 1200m de dénivelé. L'étape à Tshoka est assez chouette, on essaye le « chang  », une bière chaude artisanale un peu trop originale au goût, mais rigolote à boire. Tout ça au milieu des yaks et des poneys de portages qui se balladent dans le camp, sur fond de rhododendrons et magnolias en fleurs.

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On se lève très tôt pour le lever de soleil. Comme on est à l'Est de l'Inde qui ne comporte qu'un fuseau horaire, ça fait du 4 ou 5h du matin... Puis on monte à Dzongri, à environ 4000m. Le temps change tout le temps: on profite des éclaircies pour visiter les environs, et des averses pour se réfugier auprès du poêle, bercés par les conversations en népalais.

Ma première nuit en altitude est… Intéressante ! Je trouve ça assez marrant de sentir mes poumons fonctionner à plein régime et de sortir mon nez du duvet pour aspirer un peu d’air frais.

On est réveillées par un thé servi dans notre tente à 4h du matin : c’est l’heure d’aller faire une grimpette pour admirer le lever de soleil ! En guest star ce jour là : le Kangchenjunga, 8598m, troisième sommet le plus haut du monde, voui voui voui! Vu qu’on est à plus de 4000m, il n’a pas l’air si grand que ça, mais sa blancheur est impressionnante. Un peu mieux acclimatés, on pourrait skier de la fraîche toute l’année !

Après un petit dèj fantastique (comme tous les repas préparés par notre magicien de cuistot), on monte à 4500m pour un point de vue sur les glaciers. Je ne sais pas si c’est ça qui m’a achevé ou un autre repas hyper copieux à midi, mais ma journée s’est arrêtée là, j’ai dormi jusqu’au lendemain !

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Les paysages commencent à vraiment me plaire, avec de jolis contrastes entre les vallons sombres et les hautes montagnes d’un blanc éclatant. Enfin de la vraie montagne ! On a même droit à une chute de neige pour être complètement dans l’ambiance.

Notre dernière étape est Thanshing, un campement très paisible, dans une vallée qui mène au Kangchenjunga. Les allemandes continuent vers « Goecha la », mais pour moi il est temps de rentrer. Pour notre dernière soirée ensemble, le cuistot nous prépare un gâteau digne d’une grande pâtisserie, au poele...

Levées une dernière fois aux aurores (grâce au thé et aux biscuits servis tout chauds dans la tente, comme d’habitude:), on grimpe au dessus du camp pour le lever de soleil. On attend sa lumière, puis sa chaleur, et on s’assure qu’il ait atteint le campement avant de redescendre pour le petit déjeuner. Je prends congé de l’équipe, faisant le retour avec « seulement » un porteur. J’ai un peu honte de me faire porter mon sac, je préférai quand c’étaient les dzos qui s’en chargeaient. Je me demande comment le porteur va arriver à porter mes affaires en plus des siennes, mais en fait il n'a pas l'air d'en avoir: il glisse juste une bouteille d’eau dans mon compartiment « linge sale », sans que j’ai le temps de l’en empêcher. J’arrive juste à éviter que son pique nique suive la même direction.

Le temps est au brouillard et à la pluie, et on ne croise pas un chat. Juste avant Tsokha, on retrouve des trekkeurs, dont un groupe de polonais qui me prennent en amitié. Ils me donnent du thé et plein de petits gâteaux. On les entendra chanter toute la nuit au camp, et il m’avoueront le lendemain qu’ils n’avaient « même pas bu ».

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Arrivée au camp je me fais adopter par un joyeux groupe d’indiens. Les filles sont les plus modernes que j’ai rencontrées jusqu’ici : l’une est chef d’entreprise, elle a laissé ses enfants et son mari à la maison pour venir trekker !  Je marche le dernier jour avec eux, et mon guide peut se la couler douce, surtout qu’il a trouvé un poney pour porter mon sac.

Le retour au village de Yuksom est une douce transition: il y a un peu de goudron, mais il y règne la même sérénité que dans la montagne. L’agent qui m’a envoyé en trek, « Red Panda », me saute dans les bras et m’invite à dîner, c'est-à-dire qu’il demande à son fils de me conduire chez lui, où sa femme me fait à manger. C’est un peu surréaliste : je suis un petit gamin à travers champ dans le noir sans trop savoir où je vais, pour me retrouver à la table d’une inconnue qui ne parle pas un mot d’anglais...

C'est la conclusion de mon trip au Sikkim, où les belles montagnes sont un peu difficiles d’accès, mais les gens vraiment adorables – et l’industrie du trek tout confort à la pointe du top !

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Commentaires
J
A Francheville nous venons de lire la derniere livraison de ton blog, comme toujours ça donne envie. Hélas pour tes vieux parents, impossible de grimper si haut, a moins que ce soit envisageable en chaise à porteurs..."one $ one man" disait-on il y a longtemps.
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L
Grave, je suis un peu une imposteuse, comme montagnarde!
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B
J'avais pas encore lu ton récit de Trek ! Ca à l'air sympa mais ça s'est fait un peu dans la douleur j'ai l'impression :-)
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