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Partir, c'est bien
25 août 2011

Viaferratrek

Récit de pélerinage à la Mecque de la via ferrata!

Eté 2011 124

L'intégrale des photos : https://picasaweb.google.com/Peonne/201108Dolomites?authuser=0&authkey=Gv1sRgCPiinMP2g4TSUw&feat=directlink

 

Vendredi 29 juillet

Cela fait peut-être deux mois qu’on a décidé de partir. Deux mois qu’on s’est dit qu’on devait s’organiser, trouver où on allait aller au juste et quoi faire, voir ce qu’on amène, acheter ce qui manque… Mais en deux mois, entre révision de concours pour Chloé et changement de vie pour moi, on n’a pas eu beaucoup de temps, tout juste de quoi faire une via ferrata ensemble, la première partie des « prises de la Bastille », qui a pas mal fait flipper Chloé d’ailleurs. Il faut dire que l’orage menaçait ce jour-là, ce qui n’était pas pour la rassurer…

Bref, tout ce qu’on a fait en matière de préparation, c’est de demander des conseils aux Guenilles, lire quelques infos dans des topos et sur Internet, et contacté quelques personnes sur couchsurfing (notamment Taras de Torino la veille au soir !). Mais le plus important c’est qu’on est d’accord sur un principe : si on est à l’arrache ce n’est pas grave !

On se retrouve vendredi midi, histoire de ne pas partir trop tard, mais finalement le temps trouver tout le nécessaire pour partir en autonomie (jusqu’à la couverture de survie !) il est 17h. On passe par les routes de montagne, l’occasion de voir en express ma copine Agnès et sa toute petite fille de 10 jours, qui habitent à Montgenèvre. On fait notre premier (et seul vrai) resto italien à Torino, où on a la grande originalité de manger des pizzas et des pâtes. Quand on est prêtes à se rendre chez nos gentils hôtes inconnus il n’est pas loin de 23h. Heureusement, Taras nous assure par téléphone : « no problem ! ». On a son adresse, mais on ne sait pas où on est et on n’a pas de plan de la ville… « No problem » non plus, grâce à l’adresse du resto et mappy, Taras nous donne un itinéraire détaillé pour venir chez lui, à plusieurs bornes de là. Avec sa femme Maria, ils nous ouvrent leur porte, nous installent et nous bercent de leur accent ukrainien. On est impressionnées par toutes les langues qu’ils maitrisent : l’italien bien sûr, l’anglais forcément, le français, l’allemand, le russe aussi je crois oui! On se couche en se disant que les vacances ont bien commencé, et résolues à accueillir nous aussi un jour des couchsurfers.

 

Samedi 30 juillet

Eté 2011 052

Le trajet depuis Turin, toujours avec une majorité de petites routes, nous prend toute la journée, mais on fait des pauses, dont une chouette à midi à Loveré, au bord d’un lac, à déguster une succulente pastèque ! Le temps passe agréablement, à discuter et écouter de la musique.

A Ortisei, une des communes de Val Gardenna, on a rendez-vous avec un autre couchsurfer, Daniel. On ne le sait pas encore mais il veillera sur nous tout le temps qu’on sera là-bas !

Il nous a proposé de nous joindre à lui pour l’anniversaire de son ami Stefan, à la montagne.

Il attend patiemment qu’on ait fini de faire nos sacs (il faut extraire de la voiture, complètement remplie, de quoi faire un sac de deux jours), en nous précisant juste qu’on peut oublier la tente, car il y a de la place là où on va. De son côté il a amené un équipement complet de via ferrata pour Chloé. Il y a même des gants ! Le moins qu’on puisse dire c’est que c’est super sympa !

Il est 20h et c’est parti pour plus d’une heure de marche, au début avec vue assez grandiose sur les montagnes, à la fin dans la nuit noire zébrée d’éclairs. Les fameux orages des Dolomites !

On arrive à la « cabine », un petit chalet chauffé au poêle à bois perdu sur une piste de montagne. On y trouve une petite bande d’italiens qui parlent allemand et leddon, les langues du coin, mais aussi pas mal l’anglais. Ils ont déjà mangé, du coup Daniel fait des super pâtes au jambon cru de pays pour nous trois.

On fini la soirée à jouer tous ensemble à un Time’s Up international improvisé, et on se couche au chaud, confortablement, en se disant que les vacances ont vraiment bien commencé.

 

Dimanche 31 juillet.

Eté 2011 060

On se lève vers 7h, assez discrètement pour ne réveiller personne, mais c’est difficile de taire notre enthousiasme quand on découvre la vallée et les montagnes qu’on a en face de nous. On est emballées.

On inaugure notre popote pour le petit dèj puis on part en direction de la via ferrata conseillée par Daniel : le Sassrigais. Pour nous rassurer et surtout convaincre Chloé, il nous a dit qu’il ne prenait même pas d’équipement quand il la faisait. D’après lui, en partant à cette heure-là, on sera de retour vers 16h, mais dans tous les cas pas d’inquiétude car aujourd’hui est « the perfect day » côté météo.

On arrive au pied un peu enneigé de la via ferrata vers midi. Après une bonne ascension avec quand même un petit peu de gaz.  Chez Chloé l'enthousiasme l'emporte sur la peur.  On arrive au sommet et c’est wow ! On est à 3025m et on a vue sur des kilomètres de reliefs variés.

Eté 2011 106

On pique-nique au sommet et on voit défiler toute une foule de gens. Par contre dans la longue descente caillouteuse on prend tant de précautions qu’on met des heures et qu’on fini par se retrouver complètement seules.

Daniel nous passe un coup de fil vers 17h, et quand on lui explique où on en est, il juge qu’il ne peut vraiment pas nous attendre aussi longtemps. Bien vu de sa part : on arrivera à la cabineà 20h, et encore plus tard à notre voiture. Une bonne petite pluie vient rincer ce « perfect day » pendant qu’on roule, un peu HS, jusqu’à Ortisei. Daniel qu’on appelle aussitôt propose de venir nous chercher. En attendant, on boit un petit verre réparateur sur une terrasse où on a la chance d’assister à un concert kitchissime de cuivres tyroliens qui reprennent le bon, la brute et le truand (tonwïonwïon ! Ton… ton…ton…).

Il nous amène « at [his] place, but it’s not really [his] place », c’est-à-dire chez ses parents. Il nous laisse prendre une douche et passe beaucoup de temps à nous conseiller selon nos envies et notre premier retour d’expérience. Alors que lui est encore en tenue de rando et doit écrire sa lettre de démission pour le lendemain !

En tous cas ce n’est pas peine perdue car nous suivrons son plan à la lettre (au propre comme au figuré, car il nous prête sa carte !).

Nous investissons la jolie pelouse de sa sœur, qui habite la maison voisine, où nous campons et faisons notre popote. Il pleut et la tente montée un peu vite et dans le noir prend l’eau, mais on est tellement crevées qu’on dort bien, et jusqu’à 9h30 le lendemain !

 

Lundi 1er Août

Se réveiller dans le superbe jardin d’une presque inconnue, avec vue sur les Dolomites, est extraordinaire.

Mais il ne faut pas trop traîner pour partir « viaferratreker ». On doit prendre un bus à 14h pour Paso Sella, le plan étant de revenir à notre point de départ en quatre jours, en traversant une ou deux montagnes au passage.

Avant cela il faut faire sécher les affaires, prendre le petit déj’, dire au revoir à la sœur, faire nos sacs (durée prévue : un quart d’heure ; durée réelle : une heure) et acheter ce qu’il nous manquait comme produits frais. Pas le temps de passer à l’office de tourisme mais finalement, pour quoi faire ? Les infos de notre autochtone préféré suffisent.

On attrape le bus, assez contentes de nous et de nos sacs.

Eté 2011 120

De Paso Sella, décollage en « cable car », antiques télécabines monoplaces (en tous cas pour des backpackeuses comme nous). Le départ et l’arrivée sont tellement techniques que deux italiens nous coachent et nous portent quasiment (right hand, turn around…).

A l’arrivée c’est assez époustouflant, on est au cœur de la montagne. On descend au milieu de gros blocs de pierre, ce qui permet de découvrir le paysage au fur et à mesure. En montée ça doit être moins sympa, plutôt genre montée qui n’en fini pas, car on croise plusieurs personnes aux traits tirés qui nous demandent si c’est encore loin.

Le refuge Vicenza auquel on arrive assez vite est un petit îlot de civilisation dans la haute montagne : ils ont des bières pression ! Et une belle terrasse.

On installe la tente pas très loin, après avoir labouré au bâton de ski le seul coin plat au cœur de la falaise pour en retirer les plus grosses pierres.

Eté 2011 140

L’ombre du soir arrive et on part se poser sur le versant encore éclairé. Les marmottes se faisaient des câlins, les nuages étaient transpercés de rayons de soleil, et on surplombait une vallée entre gris minéral et vers gras, moment serein, paisible, magique, sur des airs de gimbarde.

Nous retournons à notre camp pour une petite soupe « oseille pollenta », une création maison à partir de produits lyophilisés, puis prenons une petite myrtille au refuge. On en repart vers 22h (extinction des feux !), pour s’apercevoir qu’il s’est mis à pleuvoir, à moins qu’on soit juste dans un nuage mouillé… Ca n’a pas l’air de déranger un type en train de prendre l’air sur la terrasse… En short ! Il engage la conversation en français et nous apprend qu’il est anglais. Au moins avec ce temps il ne risque pas d’attraper le mal du pays !

 

Mardi 2 août

Après une nuit frisquette, on étrenne notre muesli maison (flocons d’avoine, fruits secs, lait concentré sucré) pendant que le soleil se lève sur de grandes cheminées de dolomite. On emprunte un chemin qui mène à leur pied, pourtant elles ne semblent pas offrir de passage.

Eté 2011 145

On ne peut que faire confiance au marquage rouge qu’on suit depuis le début. Après avoir traversé un peu de neiges éternelles, on arrive à la via ferrata. En tous cas on s’en doute, car d’autres gens s’équipent là, mais il n’y a pas l’ombre d’un cable. On en trouvera seulement au bout de plusieurs minutes d’ascension…

La via (ferrata ou pas !) nous fait grimp

er les cheminées, jusqu’à leur sommet ! On se régale des vues et des sensations, tout en se concentrant sur nos gestes, pendant près de quatre heures ! La via est très fréquentée, beaucou

p de monde nous dépasse, mais personne avec des sacs aussi gros que les nôtres.

Daniel nous avait convaincues qu’il s’agissait d’une via facile en nous racontant y avoir emmené sa mère, alors qu’elle n’aime pas la montagne. On apprendra plus tard par sa sœur qu’il l’avait emmenée sans la prévenir qu’il s’agissait d’une via (et sans équipement), et que c’est depuis ce jour-là qu’elle n’aime pas la montagne !

En tous cas, après ces heures d’ascension pleines d’émotion, de soleil, d’extase et d’effort, on est contentes de manger, qui plus est face à une nouvelle vallée. Puis c’est direction le sommet, tout proche et marqué d’une croix. Avec son panorama à 360°, c’est un spot exceptionnel pour une petite sieste digestive.

On dégringole 700m de l’autre côté pour arriver au refuge Sasso Piatto où nous attendent des bières, servies dans de belles chopes et accompagnées d’appfelstruddel (spécialité italienne bien sûr !).

De nos transats on entend chanter « Les sabots d’Hélène » avec un petit accent allemand : ce sont des retraités, dont un vient ici depuis 40 ans. On chante avec eux « La mauvaise réputation » et « Le parapluie » avant de partir pour le prochain refuge.

Le paysage a complètement changé, on traverse des troupeaux de moutons au faciès bizarre, puis le chemin s’arrête face à une clôture et on entre dans le domaine des vaches. Il est temps de planter la tente, aussi loin que possible de ces bestiaux. On arrête notre choix sur une colline traversée par une rivière et on déguste une nouvelle création maison : la soupe champignons-pâtes-chorizo. Délicieux et nutritif ! On reste un moment dehors, à savourer le dessert et à observer le ciel qui change tout le temps, avant de se coucher. Une opération compliquée : une heure pour être confort !

 

Mercredi 3 août

On se réveille avant 7h, après une chaude nuit. Les chaussures de Chloé ont disparues, enfin elles sont sûr une petite colline, bien plus loin. Orage violent ou vaches ? Mystère !

On arrive tôt au refuge Alpe Di Tires où on se renseigne sur la météo et la via qu’on envisage de faire. Réponse : sunny et easy ! On part donc confiantes.

La via monte, puis c’est une crête, quasiment pas équipée. La brume nous enveloppe. Pour une fois, il n’y a pas un chat. La via est annoncée comme devant durer 1h30, mais au bout de deux heures, on y est encore. On commence à avoir l’habitude d’exploser les timings : avec nos gros sacs, généralement ils sont multipliés par deux !

Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il y a du gaz. On a de chaque côté un à-pic d’au moins une centaine de mètres. Parfois on marche sur un étroit chemin, parfois on escalade. Pas le droit à l’erreur ! Une éclaircie vient nous récompenser de nos efforts en dégageant de la brume le chemin qu’on a parcouru depuis la veille, du sommet du Sasso Piatto en passant par le refuge. Et puis, finalement, on arrive au bout de la via. Hourra! On se dit que c’est le truc le plus fou qu’on ait fait de notre vie en termes d’adrénaline. Et là, débarque une allemande, sans équipement, toute seule (son copain l’attendait en bas car il n’aimait pas l’escalade), qui nous dit qu’elle fait toutes les via faciles sans équipement. On apprend au passage que la nôtre est une B, sur un classement de A à E, donc plutôt facile ! Ils sont fous ces italiens.

Eté 2011 233

On profite d’être sur les hauteurs et du fait que la brume soit partie se balader un peu plus bas pour se faire à manger. Des choucas viennent nous saluer, on profite de l’instant.

Et puis la brume revient, le vent se lève, et on se replie sur le prochain refuge aux allures écossaises. On passe une bonne heure à profiter de son confort et à discuter avec des italiens (tellement italiens qu’ils parlent italien !). Ils ont une guitare et permettent à Chloé de prendre sa petite dose de musique quotidienne !

Et puis on a des fourmis dans les jambes alors on repart, même si le temps est couvert et qu’il y a un risque d’orage. On suit un beau chemin qui doit nous amener en moins de deux heures à un autre refuge, 700m plus bas. On croise deux asiatiques, sans aucun sac, qui nous demandent si elles sont encore loin. Dix minutes plus tard, l’orage éclate et on a une petite pensée pour elles qui sont loin d’arriver. Daniel nous avait dit que si on se faisait prendre par l’orage, il fallait éviter les endroits plats et dégagé. Pour une fois il disait vrai : on voit un éclair tomber sur le haut d’une falaise et c’est sûr qu’il ne fallait pas être là-bas !

On dévale le chemin, un peu paniquées, mais comme même les meilleures frayeurs ont une fin, l’orage se calme et on arrive au refuge. On a quitté la montagne pour la forêt. Un italien nous accueille par un « chouette, des touristes, on n’était que trois ! » mais finalement ce soir là aussi on campe, malgré la pluie et l'humidité environnante. On s'installe juste à côté d’une petite chapelle, où on se serait carrément installées si on s’était écoutées. Équipées de nos ponchos, on retourne quand même au refuge prendre une petite myrtille, et l’italien nous dit qu’aucune fille de son pays n’aurait fait ce qu’on a fait, parce qu’elles sont feignantes ! On lui demande ce qu’il connaît de la France : les Deux Alpes et la Grave ! C’est vrai que ça doit pas être là qu’on trouve les françaises les plus feignantes.

 

Jeudi 4 août et le retour…

Eté 2011 264

Après une opération séchage au soleil matinal, on attaque notre dernière marche. On arrive rapidement à un village, puis à un autre. L’odeur du goudron et des voitures nous agresse, pourtant on n’est que dans un tout petit village ! On a l’impression de se réveiller après un rêve.

Un bus nous ramène à Ortisei, où on se fait un petit resto bruchetas (et une bière, car il ne faut pas perdre nos bonnes habitudes). On passe dire au revoir à la sœur de Daniel, puis à Daniel à son boulot, avant de prendre la route du retour.

On arrive deux jours après à Grenoble, après avoir traversé sans le savoir un bout de la Suisse (mais qu’est-ce que c’est que ce gros poste de secours au milieu de l’autoroute ?) et fait étape au lac majeur, où on retrouve ma frangine et sa clique. Une bonne pluie nous permet de nous reposer, sans pour autant nous décourager de manger in extremis de bonnes glaces italiennes.

 Eté 2011 272

Pour finir, quelques phrases qui montrent qu’on parle beaucoup en rando :

C’est pas t’y beau ?

Apéro offert ! (en passant devant un panneau Italo-Germain Apperto – often)

Y’a ambigüité sous roche !

Je pose pour la prospérité

Les enfants c’est bon ! (Tom, anglais animateur de camp de vacances)

On va tomber comme des petites poules

Plus on monte, moins on est loin!

Y’a de la crête poulette !

On varie les plaisirs dans la montagne comme dans la popote

C’est épique, magique, fantastique !

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