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Partir, c'est bien
16 février 2012

Les Péons en Inde

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Les photos

https://picasaweb.google.com/Peonne/DonTWorryChickenCurry?authuser=0&authkey=Gv1sRgCJDSu9KivcGK0wE&feat=directlink

Petite aperçue du faste de l’Inde

Les péons tant attendus arrivent.  Une fois les sacs posés, Melody n’a qu’une idée : se prélasser dans le luxe de l’hôtel !  On arrive quand même à la convaincre qu’elle n’a pas fait tant de kilomètres pour passer trois heures dans la salle de bain et on profite d’une journée à Delhi pour aller visiter un énorme temple hindou qui date de 2005 : Akshardham temple.  Tout est sculpté à la main, 10000 personnes ont participé !  Le temple est dédié à Swaminarayan, un des fondateurs de l’hindouisme.  Des films et animations retracent sa vie.  Est-ce parce que c’était en anglais (ou pas mieux : en hindi) ou parce que le végétarisme est prôné, en tous cas personne ne s’est converti.

On fait notre premier repas de « thalis » et je suis contente de voir que Ben et Julie aiment la bouffe indienne !  Et elle le leur rend bien, puisqu’à ma grande surprise, ils ne seront pas malades (malgré leur manque d’hygiène :P)

Le soir, quelques heures de train nous emmènent à l’incontournable Agra.  Notre voisin de couchette est « Papu », responsable du meilleur hôtel pas cher de Khajurâho.  Ca tombe bien, on avait prévu d’y aller, mais on ne savait pas où dormir !  Pratique, on réserve auprès de lui.

A Agra on décide de louer un taxi pour toute la journée du lendemain : 800 roupies seulement ! Notre chauffeur sera Navi, qui nous fera bien marrer en embauchant lui-même quelqu’un d’autre pour conduire, étant certainement un peu trop défoncé pour ça…  En attendant, il nous amène à notre hôtel dans une voiture ancienne pleine de charme (pouvant également être décrite comme « vieille voiture pourrie »).

On se réveille à quelques mètres du Taj Mahal dans un joli jardin habité de singes.  C’est un jour de semaine et on dirait qu’il y a presque autant de guides que de touristes.  Les prix sont cassés mais les péons résistent : on visitera le Taj Mahal tous seuls !  C’est ma deuxième visite de la « merveille » mais je suis toujours autant bluffée par son allure.

Une minute de culture sur le sujet offerte par Wikipédia :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Sept_nouvelles_merveilles_du_monde

IMG_1386Julie et Melo sont sollicitées pour quelques photos et se prêtent gentiment au jeu de stars européennes – il leur faudra quelques jours avant d’en être complètement lassées.  On apprend comment attraper un écureuil avec un petit bout de pain, et on apprend par la même occasion que rien n’est gratuit dans ce pays !  En effet, le monsieur qui nous a spontanément montré comment faire nous demande après coup 10 roupies…

Après le Taj, on visite le « Red Fort » et un guide est assez chanceux pour qu’on accepte qu’il nous conte la vie fastueuse de l’époque.  Le roi avait 365 femmes (ou en tous cas : beaucoup !), cachées dans ce fort de la vue de tout autre homme.  Une mini-ville était reconstituée pour elles dans le fort, avec un marché et une prison, car comme on peut s’en douter avec autant de femmes il y avait bien des conflits à arbitrer.

IMG_1423La Jungle sans Bagheera ni Baloo, mais avec des Bambis à foison

Un nouveau train nous emmène en direction du parc national de Bandhavgarh, sélectionné par mes soins comme méritant bien de se déplacer autant, car il est presque garanti d’y voir des tigres…  On s’acquitte du prix « étranger », qui n’est pas donné, et une jeep nous emmène dans le parc.  On voit beaucoup d’endroits où ont été vus des tigres récemment, mais pas un seul d’entre eux en chair et en os…  Le tour en lui-même n’est pas palpitant, on sillonne un chemin carrossable avec une dizaine d’autres jeeps.  On verra bien des biches et des sangliers, mais pas de quoi nous éviter d’être la risée des nombreuses personnes nous questionnant sur notre voyage par la suite : « Vous êtes allés à Bandhavgarh ? Ah, vous avez vu des tigres alors ? Non ? Et des ours ? Non plus ? Ah ah ah !».  Ben non !  Et on n’est pas non plus montés à dos d’éléphant, parce qu’il fallait se retaper le safari et se lever à 5h du mat’.

Un peu déçus par le parc chéro et ses safaris pas très bon esprit, on s’oriente vers les autres merveilles touristiques du coin : les ballades à la rivière (un petit filet d’eau boueuse ou quelques personnes font leur toilette, l’occasion pour Melody de faire quelques photos de fesses), le musée d’histoire naturelle (où là on a vu des tigres, en photo et même en vidéo) et la visite des hôtels de brousse assez stylés, aux murs en bouse de vache.  On tombe sur un grand complexe assez fantastique, avec piscine, piste de danse, faux animaux, fausses fortifications et fausses statues anciennes, inauguré il y a une dizaine d’années et déjà complètement à l’abandon.  De quoi donner à réfléchir sur l’esprit d’entreprise !

La « ville » la plus proche, Tala, constituée d’une seule rue, nous a aussi laissé de bons souvenirs : de nombreux tchaïs et des poulets entiers dévorés à notre gargote préférée, et une chouette séance de spa.  Melody s’est offert pour ses dix ans une heure de massage « royal » du corps.  Julie a opté pour un massage ayurvédique, qui consiste à se faire verser de l’huile chaude sur le front.  Ca avait l’air bizarre, mais elle est ressortie toute contente.  « L’Ayurveda » étant une médecine et comme j’avais à sale rhume, j’ai eu droit à un massage du visage et des inhalations de vapeurs et de fumées.  La fumée était très désagréable à respirer, et Julie, qui était là et se moquait de ma tête, y a eu droit aussi, pour voir !

J’adore le concept, de traiter localement et de miser sur le bien-être pour soigner (car à part la fumée c’était très agréable), mais j’ai eu beau y croire très fort, le lendemain j’avais encore plus la crève…

En route pour notre prochaine étape, on s’arrête dans un autre parc naturel, Panna, conseillé par le Lonely (et même par des gens de Bandhavgarh !) pour y faire de l’éléphant.  On est un peu verts quand le guide (car on se retrouve rapidement dans une jeep avec un guide) nous annonce qu’ils ont été retirés du parc depuis plusieurs années.  En revanche la ballade est chouette et le guide sympa (sauf quand on manque d’oublier de le payer à la fin !).  On fait un tour en bateau sur la Ken River et on voit des crocodiles, qu’on aurait facilement loupés sans son aide, même à quelques mètres, car ils sont complètement immobiles et de la couleur des algues.  On voit aussi un paon qui drague deux paonnes et on entend les cris d’alerte des cerfs, menacés par le tigre…  Qu’on ne verra pas là non plus, mais à défaut on a goûté à l’ambiance de la traque !

IMG_1729Alibaba, Kamasutra et Yoga

Débarqués par la jeep à Khajurâho, on est enchantés par notre nouveau lieu de villégiature (merci Papu) : Yogi Lodge ! Une belle terrasse, de la bonne bouffe, et seulement 500 roupies la nuit pour nous quatre !  Ca tombe bien, car on a prévu de passer quatre jours à Khajuraho (notez le moyen mnémotechniqueJ).  Un premier tour dans la ville nous met aux prises avec pas mal de jeunes rabatteurs, qui nous récitent quelques phrases françaises qu’ils connaissent par cœur.  L’un d’eux, à la pointe de la technique, sort à Benjamin « Bonjour, ca va, comment tu t’appelles, je m’appelle Jean-Pierre ».  Et moi je suis le pape, et j’attends ma sœur ! Tout ça pour créer un je-ne-sais-quoi de proximité qui lui permet soit de te faire les poches, soit de t’emmener dans une boutique où il est commissionné…  Il y a aussi pas mal d’enfants des rues, livrés à eux-mêmes.  Les plus civilisés nous interpellent en disant « Roupies » ou « School pen » au lieu de « hello » ou « hi ».

Le lendemain, la journée est belle et on arrive à faire abstraction de ces désagréments.  On se fait même un pote, Mayesh, qui nous accompagne aux fameux temples et à travers la campagne.  Il nous invite à entrer chez une paysanne qu’il connaît et qui fait la cueillette dans un beau sari.  Non seulement elle ne nous demande rien, mais en plus elle nous donne à manger plein de petits pois !

On fait bientôt une autre rencontre qui a bouleversé notre séjour : Ali ! C’est à Benj qu’on la doit, apparemment il lui avait promis de passer plus tard voir sa boutique, et mon frère n’a qu’une parole ! On y est même revenus au moins une dizaine de fois, et rarement en repartant les mains vides, que ce soit parce qu’il couvrait Melo de cadeau où parce qu’on trouvait un nouveau truc pas cher et absolument indispensable, comme un énième foulard ou de jolies pierres.  Il me fait un peu penser à Laid, sauf qu’au lieu d’un resto, il tient « Alibaba », boutique de souvenirs.  Il nous envoie, accompagné de son fidèle Romeo, assister à une cérémonie religieuse dans le seul temple ancien de Khajurâho encore en activité.  Le soir on mange ensemble au resto et il nous en met plein la vue avec ses démonstrations de Yoga.

IMG_1562On fini par une surprise pour Melody (une bonne idée de Sittaram): un énorme gâteau d’anniversaire, préparé paraît-il par le pâtissier d’un hôtel cinq étoiles.  Rien au goût ne peut laisser présumer du contraire !  On suit la coutume indienne qui veut qu’on s’enfourne mutuellement des parts de gâteau dans la bouche (ou un truc comme ça).  Ma petite « batiji » de 10 ans rayonne.

Le lendemain, Ali nous emmène faire une ballade à dos de chameau chez un ami à lui.  Moi qui pensait que les chameaux avaient de sales caractères, je me rends compte que c’est certainement qu’ils sont dressés à la hussarde : ceux de l’ami d’Ali sont affectueux comme des chiens, enfin surtout son petit chameau qui a une jambe cassée et ne sert qu’à faire des câlins.  Il a aussi un cheval, le premier que j’ai l’occasion d’observer de près en Inde, et je suis assez surprise par le mors : c’est plein de pointes, ce qu’ils leur mettent dans la bouche !

IMG_1570Les péons sur le dos du chameau, on s’éloigne à peine de Khajurâho, mais c’est déjà un autre monde.  Les gens qu’on croise, souvent en train de travailler, ont envie d’être pris en photo mais ne parlent pas anglais : ils se plantent en face de nous, le temps qu’il faut pour qu’on comprenne, puis s’en vont sans une parole, apparemment satisfaits.

C’est marchant comme des cowboys mais heureux qu’on se sépare d’Ali.  Pas longtemps !  L’après-midi, il nous emmène en rickshaw aux cascades, un vrai road trip !  Musique hindi et klaxon à fond, on fait une première et courte étape à une fête religieuse, où des espèces de Miel Pops étaient distribués à tout le monde.  Voyant qu’on fait un peu trop sensation, Ali prend « à emporter » et nous évacue gentiment.

Aux cascades, dont l’entrée est payante, le garde refuse bêtement qu’on entre à plus de quatre par rickshaw (nous sommes six).  Scrogneugneu d’employé du gouvernement !

On va seuls et en vitesse voir les « Ranesh Falls ».  A cette époque ça ressemble à un canyon, mais les cartes postales attestent qu’en période de mousson, les falaises se transforment en énormes chutes d’eau.

IMG_1439On retrouve Ali et Romeo pour aller se baigner à la rivière.  Celle où on a vu des crocodiles deux jours plus tôt !  Même si on sait qu’ils restent dans les eaux profondes, j’éprouve un petit soulagement quand on revient saines et sauves sur la berge, après une bonne heure de baignade exploratoire avec Julie et Mélo.  Sur le retour, on s’arrête dans un étrange hangar où se vend de la bière.  Une fois les bouteilles vides, Ali les jette du rickshaw sur le bord de la route, et s’étonne qu’on y trouve à redire…  Toute une éducation à faire !

On nous avait promis du Yoga à Yogi Logde, et notre troisième journée commence bien car un maître yogi, un vieux un peu chauve, est là pour nous ! Des couvertures sont installées par terre dans les parties communes et nous voilà dans des positions bizarres, à la vue des autres clients.  Benjamin nous prouve que son anglais est bien affûté : quand le Yogi nous explique qu’en se frottant les ongles on stimule les cheveux, il lui fait remarquer aussitôt que ça n’a pas marché pour lui !

La séance se termine joyeusement, en dansant d’un pied sur l’autre, en joignant les mains et en chantant « Haré Krishna ».

Dans notre lancée « un esprit sain dans un corps sain », on loue des vélos pour l’après-midi.  On visite encore quelques temples, mais sans voir le célèbre cheval faisant du kamasutra…  On sait donc qu’on n’a pas tout vu !

IMG_1694Le soir, on est de mariage à Chattarpur, à quarante cinq kilomètre de là (et non à quatre ou cinq kilomètres comme on avait compris !). C’est le frère du mari de la sœur de Carlos, un gars de l’hôtel, qui se marrie.  On investi pour l’occasion dans des saris, et grâce à Ali nos « cholis » sont taillés sur mesure en un clin d’œil.  Par contre, il ne devait pas avoir de « petticoat », le jupon qui se met sous le sari, car il ne nous en parle même pas.  On met juste des leggings, stratagème invisible pensait-on, pourtant on se fait cramer en moins de deux par les femmes chargées de nous rhabiller correctement !

On est traités comme des invités d’honneur.  La mariée se lève pour nous accueillir, malgré les kilos de vêtements dont elle est recouverte.  Puis on nous emmène voir la cérémonie du marié, où à part nous il n’y a que des hommes.  Le montant de la dot nous est révélé avec fierté, mais plutôt que de nous impressionner, on se dit que le mariage doit coûter bien moins cher qu’il n’en à l’air !  Car on nous en met plein les yeux, le marié arrive sur cheval blanc, accompagné d’une fanfare, d’un char et de plein de wallahs pour porter les lumières qui vont avec…  Un défilé très étrange mais ultra-typique du mariage nord indien.

Néanmoins, pendant la majeure partie du temps (où ni le marié, ni la mariée ne sont présents parmi les invités), l’objet de tous les regards c’est nous, les blancs.  On crée même un petit attroupement.  Quand on se déplace du buffet vers le bar, plus de la moitié de l’assemblée se déplace avec nous.  Un peu oppressant – mais mémorable !

IMG_1704Notre quatrième et dernier jour à Khajurâho est un jour de fête : tout le pays célèbre le mariage de Shiva et Parvati.  C’est l’effervescence, les gens se baignent, les enfants se font couper les cheveux dans la rue (il paraît que c’est un très bon jour pour ça).  D’innombrables stands de vendeurs d’offrandes et une gigantesque « Mela » (foire), qui tient à la fois du parc d’attraction et du bidonville, ont poussés pendant la nuit.

En tous cas, on a bien fait de ne pas se précipiter plus tôt sur les principaux temples, car ce jour-ci, l’entrée est gratuite !  On prend des audio-guides et on part à la découverte des bas reliefs les plus coquins.  Les audio-guides nous apprennent entre autres que les temples datent du moyen âge, et qu’ils ont été construits sans aucune sorte de ciment : tout tient grâce à la gravité !

C’est déjà le moment de rentrer en prenant le train de nuit pour Delhi.  On est rodés maintenant et on trouve le quai sans stresser.  Une semaine de boulot m’attend, pendant que les péons visitent Delhi et Jaipur.

IMG_1801On se retrouve le vendredi suivant à Neemrana Fort Palace, pour s’extasier ensemble sur ce fort, éclairé dans la nuit par plein de petites lumières, avec tous ses recoins et ses petites terrasses paradisiaques…  Comme on arrive après la fin du service, on nous amène gentiment le buffet entier dans notre chambre.  On a à manger pour quinze environ.

Le lendemain et dernier jour des vacances des péons, on profite de la vie de château, des piscines, du soleil et des charmes du lieu.

Le soir, je dois les laisser repartir et c’est la fin de notre idylle familiale… Jusqu’à la prochaine occasion !

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Commentaires
A
@Johan: c'est aussi ma photo préférée :)<br /> <br /> @Mum: les chats font pas des chiens!
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J
Merci pour le récit Péonne !<br /> <br /> Et merci INFINIMENT pour ce joli cliché photographique : https://lh6.googleusercontent.com/-YsQlb3LNVDU/T3CyZesk6XI/AAAAAAAAEjI/frHHtTsKUp8/s640/IMG_1786.jpg<br /> <br /> <br /> <br /> Cela me sera très utile.<br /> <br /> <br /> <br /> Bise à toi et à la prochaine !
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F
ça donne envie d'y retourner,on ne verra jamais tout.Ton blog est une invite au voyage
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